André Bartochevitch, le futur archevêque Antony, naquit en novembre 1910 à Saint-Pétersbourg. Ses parents, Georges Bartochevitch, ingénieur militaire et colonel de l’armée impériale, et Xénia, née Toumkovsky, étaient tous deux des gens pieux. Au début de la révolution, le jeune André partit, avec sa mère, chez sa grand-mère à Kiev, tandis que son père s’était engagé dans l’Armée Blanche. A l’époque de la « NEP », André parvint à quitter l’URSS en compagnie de sa mère et à trouver refuge en Allemagne, puis en Yougoslavie, où son père travaillait comme ingénieur à Belgrade. André Bartochevitch termina le lycée russo-serbe en 1931, puis étudia trois années à l’école des ingénieurs de l’Université de Belgrade. C’est alors qu’il décida de consacrer sa vie au service de l’Église, et, quittant l’école des ingénieurs, entra à la Faculté de Théologie de Belgrade. Parmi ses professeurs, mentionnons le célèbre père Justin (Popovitch, † 1979), qui laissa son empreinte sur la théologie du futur évêque, ainsi que Serge Troïtstky († 1972), dont la rigueur en matière de droit de canon avait marqué le cheminement du futur pasteur (1). André Bartochevitch entretenait un lien étroit avec le métropolite Antoine de Kiev (Khrapovitsky, † 1934) et avec le monastère de Milkovo, qui avait été cédé en 1926 aux moines russes, dont l’higoumène fut l’archimandrite Ambroise (Kourganov, † 1933), renommé pour sa haute spiritualité. «Le nouvel higoumène», était-il écrit dans une chronique du monastère, «attirait, tel un aimant, les meilleurs moines de l’émigration russe» (2). A cette époque, André Bartochevitch s’intéressait beaucoup à l’iconographie et suivait des cours auprès du célèbre iconographe Pimène Sofronov. Il peignit un certain nombre d’icônes, dont celle de «Tous les saints de Russie» destinée à l’église russe de Belgrade et «La descente du Christ aux enfers» pour la crypte de la chapelle de N.D. d’Iviron, à Belgrade également, où se trouve la tombe du métropolite Antony de Kiev. En 1941, André Bartochevitch reçut la tonsure monastique au monastère de Tuman, ou s’était désormais installée la communauté monastique de Milkovo. On lui donna le nom d’Antoine (en russe Antony (3)), avec pour saint protecteur S. Antoine de la Laure des Grottes de Kiev. Le père Antony fut ordonné ensuite au diaconat puis à la prêtrise par le métropolite Anastase de Kichinev (Gribanovsky, † 1965), en l’église russe de la Sainte-Trinité à Belgrade, où il fut affecté. En 1942, le hiéromoine Antony fut nommé catéchète auprès de l’école des «cadets» à Bela Crkva, près de Belgrade, où il enseignait également l’iconographie. Le père Antony manifestait ses dons pédagogiques envers la jeunesse, qu’il savait attirer à la vie ecclésiale. Selon les souvenir d’un ancien «cadet» «le hiéromoine Antony Bartochevitch, tout en étant très jeune, comprenait bien tant les plus anciens que les plus jeunes cadets et il était pour nous un appui moral, nous aidant même parfois à faire nos devoirs de latin» (4)… En 1945, après la fin de la seconde guerre mondiale, la paroisse russe de Belgrade se plaça sous l’omophore du Patriarche de Moscou. Étant, selon l’expression du recteur de cette paroisse, «un bon moine et une personnalité douée» (5), le hiéromoine Antony fut élevé au rang d’archimandrite par un décret du Patriarche Alexis Ier. Comme de nombreux émigrés, l’archimandrite Antony pensait que l’heure de la liberté avait sonné en URSS. C’est la raison pour laquelle il souhaitait de tout son être servir l’Église en Russie, mais la Providence Divine en jugea autrement. Le recteur de la paroisse russe de Belgrade écrivit ce qui suit au Patriarche Alexis Ier : «Isolé, sans aucun subside, le père Antony attend patiemment, depuis quatre ans déjà, une affectation [en Russie]. N’ayant reçu aucune réponse a ses demandes, il en vient à désespérer et pense que son espoir de revenir dans la patrie ne se réalisera jamais» (6). De toute évidence, la présence du jeune archimandrite en URSS n’était pas souhaitable pour Karpov (le « ministre des cultes » soviétique), et la réponse ne vint jamais…
Ne souhaitant pas agir selon sa volonté propre, l’archimandrite Antony n’insista pas et quitta la Yougoslavie. Il ne lui était guère facile de quitter le pays qui était devenu sa seconde patrie, ce qui ne l’empêchait pas de se considérer heureux partout : «Je suis comme un enfant dans les bras de sa mère», disait-il souvent, exprimant ainsi qu’il s’en remettait toujours à la volonté Divine. Il écrivit plus tard : «Il faut accepter la volonté de Dieu sans murmure, sans objection, en croyant que le Père Céleste, qui nous aime, nous donne tout ce qui nous est nécessaire et utile, nous préparant une telle joie dans la communion avec Lui, que nous ne pouvons nous l’imaginer sur terre» (7). En 1949, l’archimandrite Antony partit en Suisse, où son frère Mgr Léonce, un homme de sainte vie, était évêque de Genève et vicaire du diocèse d’Europe Occidentale de l’Église Russe à l’Étranger. A partir de 1949, l’archimandrite Antony célébra dans diverses paroisses du diocèse, notamment à Lyon, ou il peignit l’iconostase ainsi qu’une icône de S. Irénée. De 1952 à 1957, il vécut à Bruxelles. Il y avait en Belgique, à cette époque, un grand nombre d’émigrés d’Union Soviétique, dont la situation matérielle et l’état psychique étaient désastreux. Le père Antony voyageait dans toutes les régions de ce pays, afin de réconforter ces malheureux. Comme précédemment, l’archimandrite Antony s’occupait beaucoup de la jeunesse. C’est ainsi qu’il participa activement à la fondation de la première école russe de Bruxelles. Il organisait également le camp d’été, auquel participait une centaine de jeunes. Etant donné que les parents de certains d’entre eux n’étaient pas en mesure de payer les frais, l’archimandrite Antony recueillait lui-même les fonds pour que tous les enfants puissent venir au camp. Grâce à ses efforts fut établie la première section locale de l’organisation des jeunes Russes, dite «Vitiaz» («les preux»).
En 1957, après le trépas soudain de l’évêque Léonce en 1956, l’archimandrite Antony fut sacré évêque de Genève par les évêques, présidés par Saint Jean (Maximovitch, † 1966), alors archevêque d’Europe Occidentale du diocèse de l’Église Russe à l’Étranger.
Devenu évêque, Mgr Antony voyageait beaucoup dans le diocèse, visitant souvent les paroisses et tout particulièrement le couvent de N.D. de Lesna, auquel il était très attaché, célébrant les offices, soutenant et aidant spirituellement les fidèles. Lorsqu’il visitait les paroisses, Mgr Antony lisait l’hexapsalme et le canon des matines, à la fin desquelles il bénissait individuellement tous les fidèles, puis conversait avec eux. Le matin, il célébrait la sainte Liturgie. Le hiérarque célébrait de façon profondément recueillie, simple, mais en même temps majestueuse. Ce que disait l’archimandrite Cyprien (Kern) au sujet du métropolite Antoine (Khrapovitzky) s’applique pleinement à Mgr Antony : «Il était sûr de lui dans le domaine de l’ordo liturgique et la façon de célébrer. Un rythme magnifique et l’absence de passion dans la célébration. Tant dans la lecture que dans les ecphonèses, il ne plaçait rien de personnel. Il lisait distinctement, pénétrant le sens des mots, sans passion» (8). Le soir, le hiérarque rassemblait la jeunesse, afin de lire et de commenter l’Évangile. La jeunesse l’aimait beaucoup. A son sujet, le hiérarque écrivit un article sous le titre «Notre relève».
Malgré ses nombreuses occupations, Mgr Antony continuait à vivre de façon monastique. A Genève, il commença à rétablir la célébration des vêpres et des matines de façon plus conforme au Typicon, instituant en outre des offices fréquents à la cathédrale. Lorsqu’il n’y avait pas d’office à la cathédrale, le hiérarque lisait tout le cycle des offices chez lui. C’est pourquoi, lorsqu’on s’étonnait de sa continuelle bonne humeur et qu’on le questionnait à ce sujet, il répondait que l’on peut parvenir à cela par une prière matinale renforcée. En outre, il jeûnait très strictement, même s’il voyageait disant que le Typicon ne prévoyait pas de dispense pour les voyageurs. Il convient néanmoins de souligner que, s’il était strict à l’égard de lui-même, il était condescendant vis-à-vis des autres.
Durant des années, Mgr Antony dirigeait des pèlerinages en Terre Sainte, laquelle était pour lui, selon l’expression du métropolite Philarète (Voznesensky, † 1985), «le cinquième Évangile». Devant chaque lieu saint, l’archevêque lisait le texte correspondant de l’Évangile et prêchait. L’un des pèlerins se souvient que, à la fin de l’office de bénédiction des eaux sur le Jourdain, tous pénétrèrent dans le fleuve et entendirent ces paroles fortes Mgr Antony: «Que nul ne doute même si l’eau semble trouble. En effet, l’Esprit Saint est descendu sur elle, vainquant tout ce qui est corrompu. Cette eau est devenue source de guérison, de vie et de santé. Puisez-la et buvez-la pour le salut de l’âme et du corps !» (9). Le hiérarque organisa aussi des pèlerinages sur les lieux saints de l’Occident, par exemple à Lyon, sur le lieu du bienheureux trépas des saints martyrs Blandine, Alexandre et Epipode († 177). A l’exemple de son prédécesseur, S. Jean (Maximovitch), il vénérait les anciens saints orthodoxes d’Occident. C’est ainsi qu’avec sa bénédiction, le père Pierre Cantacuzène (le futur évêque Ambroise de Vevey), composa l’office de «Tous les saints de la terre d’Helvétie».
Jusqu’à la fin de sa vie, l’archevêque Antony rédigeait et dactylographiait lui-même «Le Messager du Diocèse d’Europe Occidentale de l’Église Russe à l’Étranger» (en langue russe), dans lequel il écrivait des articles de nature théologique, dont «La vie de l’âme dans l’au-delà» (10), qui fut éditée dans une brochure séparée (parue en français en 1999). Mgr Antony écrivit également au sujet de l’œcuménisme. En 1969, il composa un message remarquable dans lequel il soulignait l’unicité de l’Église du Christ : «De même qu’il n’y a qu’une Tête, il n’y a qu’un Corps ! Nous sommes tous un dans le Christ, dans Son Église (Col. 3,11). Pour cette raison, il ne peut y avoir deux, trois ou beaucoup d’autres Églises, Unes, Saintes, Catholiques et Apostoliques… Le Christ serait-Il divisé ? (1 Cor. 1,13), demandait avec amertume jadis l’apôtre Paul aux chrétiens qui lui étaient contemporains. L’Église du Christ serait-elle divisée, demandons-nous maintenant ?» (11). Tout en étant strictement orthodoxe, l’archevêque ne tombait pas dans un quelconque extrémisme.
Lors du Concile de la Diaspora à Jordanville en 1974, Mgr Antony se prononça de façon décisive pour l’unité orthodoxe et contre l’auto-isolation de l’Église Russe à l’Étranger, définissant ainsi le devoir de ladite Église ainsi (12):
1) «Garder la pureté de la foi orthodoxe, repoussant toutes les tentations venant de l’athéisme et du modernisme. En d’autres termes, cheminer sur la voie inscrite dans les «tables de la loi» de notre Église.
2) Être la voie courageuse et libre de l’Église du Christ, dire sans compromis la vérité et la justice, ce que firent jusqu’à présent nos Primats.
3) Disposant de la liberté, être condescendants envers ceux qui ne l’ont pas, ne pas les condamner avec légèreté, mais comprendre, soutenir, manifester l’amour fraternel.
4) Garder et estimer l’unité ecclésiale, nous considérant comme une partie de l’Église du Christ universelle vivante, et représenter dignement en elle l’Église Russe.
5) Éviter lorsque nous le pouvons, de nous «auto-isoler», car l’esprit de l’Église unit et ne divise pas. Ne pas chercher d’hérétiques là où il n’y en a peut-être pas, craignant toute exagération dans ce domaine.
6) Appeler les Orthodoxes russes qui se sont séparés de nous ainsi que leurs pasteurs à l’unité ; non par des sanctions, mais par l’amour fraternel au nom de l’Église Russe souffrante et de la Patrie très éprouvée.
7) Tourner le visage vers la Russie renaissante, tendre la main là où cela est selon notre force».
L’archevêque termina son allocution par les paroles suivantes : « Qu’y a-t-il de plus important pour nous, l’Église même avec ses forces vivantes ou ses représentants temporaires, peut-être indignes ? Romprions-nous en raison de ceux-ci avec l’Église Universelle, dans laquelle la majorité pense comme nous, dans laquelle souffle, malgré toutes nos indignités, l’Esprit Saint ? Qui punirons-nous ainsi ? Seulement nous-mêmes !» (13). Informé de ce geste courageux de l’archevêque Antony par un pèlerin de Paris, le célèbre staretz athonite Païssios (Eznepidis, † 1994) dit à celui-ci : «Votre Antony est un héros ! Il n’est ni avec les uns («œcuménistes»), ni avec les autres (les «zélateurs irraisonnés») !». Ajoutons encore que le hiérarque agissait avec humilité, ne faisant rien sans prendre conseil. C’est ainsi qu’il consultait souvent l’archevêque Nathanaël (Lvov, † 1985), l’archiprêtre Igor Troyanoff († 1976), ainsi que les higoumènes Théodora († 1976) et Magdalina († 1987) du couvent de Lesna. A un fidèle qui se rendait souvent sur le Mont Athos, il demandait quel était le point de vue des moines athonites sur tel ou tel problème ecclésial important.
L’archevêque Antony fut un partisan ardent de la paix ecclésiale dans l’Église Russe en émigration. Dans les années soixante du siècle dernier, alors que certains espéraient que l’Exarchat russe du Patriarcat de Constantinople se réunirait à l’Église Russe à l’Étranger, Mgr Antony, étranger à tout «carriérisme» refusa le rang d’archevêque que lui proposait le Synode. En effet, l’Exarchat étant déjà dirigé par un archevêque, Mgr Antony préférait maintenir son rang de simple évêque afin de faciliter la création d’un diocèse unique des Russes en Europe occidentale, qui serait dirigé par l’archevêque dudit Exarchat. Ce projet n’ayant pas abouti, Mgr Antony, accepta son élévation au rang d’archevêque. Il manifesta toujours un amour authentiquement chrétien envers les clercs et les fidèles de l’Exarchat. En ce qui concerne le Patriarcat de Moscou, l’archevêque évita tout extrémisme, ce dont témoigne une lettre qu’il écrivit au père Dimitri Doudko : «Le défunt archevêque Jean [Maximovitch], respecté et aimé par nous tous, s’exprimait ainsi : «L’Église officielle en Russie, détient la Grâce, bien que certains évêques se comportent indignement» (14). C’est dans cet esprit qu’il pria durant la Liturgie en l’église russe de Belgrade relevant du Patriarcat de Moscou, en 1985.
Un grand événement dans la vie du hiérarque, auquel il participa pleinement, fut la glorification des saints Néomartyrs et Confesseurs de Russie par le Concile des Évêques de l’Église Russe à l’Étranger, à New York, en 1981. A cette occasion, l’archevêque écrivit : «Nous devons glorifier les Martyrs d’une seule voix et d’une seule voix … Leurs prières sont le viatique de notre renaissance, leurs labeurs, des exemples à suivre, leur sang, la justification de l’histoire de l’Église de notre temps» (15). Un autre événement important dans la vie du hiérarque fut la célébration du millénaire du baptême de la Russie. Dans son allocution qui suivit l’élection du Métropolite Vitaly (Oustinov, † 2006) en tant que Primat de L’Église Russe à l’Étranger, l’archevêque pensait déjà à cet événement, disant entre autres : «C’est à vous qu’il reviendra de mener à bien les célébrations du millénaire… Nous vivons depuis mille ans comme chrétiens, ce que nous devons démontrer non en paroles, mais en actes. Nous devons accomplir ce jubilée ici de telle manière, qu’il le soit aussi dans la Patrie. Là, nos frères asservis entendront la voix de l’Église Russe, votre voix, Monseigneur, celle d’un hiérarque de Dieu…» (16). A l’occasion de ce jubilée, l’archevêque Antony organisa une cérémonie solennelle en l’église roumaine de Paris, en 1988, qu’un participant décrivit ainsi : «Ce fut la manifestation d’une profondeur spirituelle, intérieure… Une grande assemblée de clercs, de nombreux fidèles de toutes les extrémités du diocèse, non pas seulement un grand nombre de Russes, mais aussi des orthodoxes d’autres nationalités…» (17). Dans le cadre de son activité pour aider la Russie l’archevêque dirigea également l’organisation «L’Action Orthodoxe», qui expédiait de la littérature spirituelle en Russie et informait largement l’opinion publique occidentale des persécutions religieuses en Union Soviétique. En outre, il donna son soutien à l’édition des recueils «Nadejda» («L’espoir»), contenant de nombreux textes patristiques et vies de saints, imprimés en Allemagne et destinés aux fidèles de Russie soviétique. Aimant profondément la Russie, l’archevêque voyait déjà poindre, en 1974, la renaissance spirituelle de ce pays : «Nous voici devant la face de la Russie renaissante. Il se produit graduellement ce que nous avons attendu tant d’années, ce pourquoi nous avons œuvré et vécu. La Russie se réveille. Les meilleurs hommes ont commencé à parler dans la patrie. Le gouvernement soviétique est décontenancé. N’osant pas en découdre avec eux, ils les exilent à l’étranger…» (18). Parmi ceux-ci, il convient de mentionner Alexandre Soljenitsyne, que l’archevêque rencontra à Genève et qu’il estimait grandement.
L’amour que l’archevêque éprouvait pour la Russie ne l’empêchait pas d’être également «universel», étant proche de tous les orthodoxes, quelle que fût leur nationalité, et de tous les occidentaux devenus orthodoxes. Il aimait célébrer dans les églises roumaine et serbe de Paris. Une fois, alors qu’un évêque de l’Église d’Hellade était venu pour la Liturgie à la cathédrale de Genève, l’archevêque non seulement le commémora, comme le veut l’usage, mais demanda aussi au diacre de célébrer en grec. L’archevêque était également très ouvert à l’égard des convertis français et hollandais de son diocèse, célébrant pour eux en français.
Dans les circonstances difficiles et complexes de l’émigration, l’archevêque sut conserver la paix et l’amour dans le diocèse que Dieu lui avait confié. Selon les paroles de son successeur, l’archevêque Séraphim (Doulgoff, † 2003), «le clergé se sentait en sûreté, dans la paix, dans la sagesse et la stabilité sous son omophore, on éprouvait même une sensation de confort !» (19). Outre son activité d’archevêque diocésain, il était également membre permanent du Synode et, à partir de 1987, premier locum-tenens du Primat.
Dans la dernière année de sa vie fructueuse, l’archevêque tomba gravement malade. Deux semaines avant son bienheureux trépas, malgré sa grande faiblesse physique, il participa à la consécration épiscopale de l’archiprêtre Igor Doulgoff, le futur évêque Séraphim, puis, une semaine après, à la consécration épiscopale du père Pierre Cantacuzène, le futur évêque Ambroise. Considérant qu’il avait ainsi achevé sa mission terrestre, il cessa de lutter avec la maladie et s’endormit en paix le 19 septembre / 2 octobre 1993, après que l’archiprêtre Paul Tzvetkoff lui eût chanté, selon le souhait qu’il avait exprimé auparavant, le canon pascal en entier.
Les funérailles de l’archevêque Antony eurent lieu le 7 octobre 1993 en la cathédrale de l’Exaltation de la Croix à Genève. C’est là également que se trouve sa tombe, où il repose à côté de son frère Léonce, évêque de Genève.
Bernard Le Caro
(1) Après la guerre, cet éminent connaisseur du droit canon écrivit des livres et articles dirigés contre l’Église Russe à l’Etranger. L’archevêque Antony affirmait qu’il les avait écrits par la crainte de représailles du régime communiste et ne reflétaient pas ses véritables opinions.
(2) Milošević D. «Le monastère de Miljkovo». Smederevo, 1974. P. 50 (en serbe).
(3) L’archevêque préférait ne pas franciser son prénom, aussi nous maintiendrons ici la graphie «Antony».
(4) N.E. Novitsky, «Extraits de mes souvenirs», xx13.ru/kadeti/nikolaev (en russe).
(5) V.I. Kossik «L’Église Russe en Yougoslavie». Moscou, 2000. P. 158. (en russe).
(6) Ibid., P. 164.
(7) «A propos de l’obéissance à l’Église» (en russe). Messager de l’église mémoriale. Bruxelles, avril 1995.
(8) «Métropolite Antoine (Khrapovitzky). Œuvres choisies, lettres, documents». Moscou 2007. P. 805 (en russe).
(9) «Messager du Diocèse d’Europe Occidentale de l’Eglise Russe à l’Etranger», N°39, 1996. P. 20 (en russe).
(10) «La Renaissance Russe». N°24, 1983 / «Messager du Diocèse d’Allemagne de l’Église Russe à l’Étranger», N°5, 1993 (en russe).
(11) Message du 9ème Congrès diocésain d’Europe Occidentale, 1969.
(12) Conférence prononcée au Concile de la Diaspora 1974, sous le titre « Notre Église dans le monde contemporain » (inédite).
(13) Ibid.
(14) «Possev». N°12, 1979 (en russe).
(15) «La glorification avec les saints des Néomartyrs et Confesseurs de Russie» (Conférence au 13ème Congrès diocésain de l’Europe Occidentale), 1981.
(16) «La Russie Orthodoxe». N°2. Jordanville, 1986 (en russe).
(17) «Messager du Diocèse d’Europe Occidentale de l’Eglise Russe à l’Etranger», N°32, 1989. P. 8 (en russe).
(18) Conférence au Concile de la Diaspora de 1974, op.cit.
(19) «Quel bonheur que d’être prêtre !». «Le pasteur russe». N°36. San Francisco, 2000 (en russe).
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